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Comment j'ai accepté de prendre un traitement psy ?

  • Rédactrice d'autiste et bipolaire
  • 13 août
  • 4 min de lecture

On a beau répéter que les médicaments peuvent être nécessaires, en psychiatrie comme en médecine physique, cela ne suffit pas forcément à convaincre de les prendre. Particulièrement en psychiatrie, je sais que je suis loin d'être la seule à avoir mis du temps à les accepter. Et même si aujourd'hui ils font partie de mon quotidien, je trouve intéressant de me rappeler pourquoi ce n'était pas le cas au début. Les médicaments psychotropes font peur et ça ne sert à rien de balayer ces craintes du revers de la main. Mais en me replongeant dans les raisons qui me les ont fait accepter, j'espère aider à comprendre et peut-être même lever certaines réticences.


Ce temps où je ne prenais pas de médicaments


J'ai eu mon premier traitement psy à 17 ans et pourtant mes symptômes anxio-dépressifs étaient bien installés depuis des années. On ne peut pas dire que je refusais de les traiter avant cela puisque personne ne m'avait proposé quoique ce soit. Ou plus exactement, mon généraliste s'en était tenu à me prescrire un somnifère léger, du fait de mes plaintes récurrentes concernant mes insomnies. A cette période, je n'avais en fait aucune idée de la gravité de mes symptômes et encore moins de la possibilité de les prendre en charge. On m'aurait parlé de prendre un traitement psy que je n'en aurais sans doute pas vu la raison. J'étais donc dans une forme de déni de mes symptômes. En plus de cela, je donnais suffisamment le change pour que personne ne s'inquiète. Donc je ne demandais pas d'aide et personne ne m'en proposais. Les médicaments n'avaient aucune chance de rentrer dans l'équation.


Première étape : prendre un "si besoin"


Tout a basculé quand j'ai demandé l'aide d'une psychiatre, à la suite d'une tentative de suicide. Comme je lui racontais des attaques de panique et des phobies d'impulsion quotidiennes, elle m'a proposé de prendre un "si besoin", c'est-à-dire un médicament à prendre uniquement en cas de crise. Je crois ne pas avoir eu trop de difficultés à accepter. De toute façon, j'avais cette fois-ci conscience d'avoir besoin d'aide donc je ne me sentais pas en position de refuser sa solution. Et le principe du "si besoin" aide aussi beaucoup. Le rôle de ce type de médicaments est d'agir vite, afin de mettre fin à la crise. J'en voyais donc tout de suite l'effet. Et j'avais l'impression de garder le contrôle sur la prise du traitement puisque je pouvais décider de ne pas le prendre quand je voulais.

Par contre, et c'est une habitude que j'ai gardé, j'avais lu l'intégralité de la notice pour me renseigner sur les risques. Et dans la mesure où celle-ci conseillait de faire un examen cardiaque, j'avais insisté pour qu'on me le prescrive. C'était, et c'est toujours, un moyen de m'assurer que je mets toutes les chances de mon côté pour ne pas avoir de problèmes avec un traitement.


Deuxième étape : le difficile passage au traitement quotidien


Autant le "si besoin" avait été assez simple à accepter, autant j'ai mis du temps à bien vouloir prendre un anti-dépresseur. Pour moi, ce n'était pas du tout pareil de prendre un médicament une fois de temps en temps et de devoir le prendre tous les jours. Plusieurs idées se mélangeaient : la crainte de ne plus être moi-même, de ne plus pouvoir s'en passer et des doutes sur son efficacité. Contrairement à des traitements somatiques, les médicaments psychotropes me faisaient peur parce qu'ils agissaient sur mon cerveau. Je craignais donc de ne plus raisonner pareil et aussi de ne pas pouvoir revenir en arrière. Je savais qu'il n'y avait pas de risques de dépendance mais je me disais qu'en m'habituant à ce médicament, il finirait par jouer le rôle d'une béquille que je n'oserais plus lâcher. Contrairement au "si besoin" je ne pouvais plus choisir de le prendre ou non, jour après jour. Quant à mes doutes sur son efficacité, c'est bien tout le problème des traitements de fond. Tandis que le "si besoin" agit quasi instantanément, l'anti-dépresseur n'avait pas d'effet dans l'immédiat. Donc je ne voyais pas vraiment la différence, ce qui me donnait l'impression d'avoir plus de risques que de résultats.

Heureusement, j'ai fini par m'y résoudre et l'argument qui y a le plus contribué a été de me rappeler que je me poserais pas la question de prendre ou non un traitement en cas de problème physique et que la distinction que je faisais avec le cerveau était assez artificielle. Il m'a aussi été très utile de me dire que mes symptômes anxio-dépressifs n'étaient pas mon raisonnement "normal". Ainsi, prendre un médicament pour les faire disparaître me permettrait de penser à nouveau comme avant. Et à l'époque, je pouvais encore me dire que c'était temporaire.


Troisième étape : quand il est question d'un traitement psy à vie


J'avais accepté de prendre des anti-dépresseurs depuis quelques mois quand une infirmière m'a dit que je pourrais probablement les arrêter dans un an. J'avais été assez contente de cette nouvelle, espérant ainsi en finir avec ces médicaments que j'acceptais mais qui ne m'enchantaient pas. Mais un peu plus d'un an plus tard, voilà qu'on me diagnostiquait ma bipolarité, avec ce que cela signifie de changements de traitements. Et au-delà du passage à un régulateur d'humeur, j'avais alors déjà saisi qu'on parlait d'un trouble dont on ne guérissait pas. Et de là, je sentais bien que je n'allais pas pouvoir arrêter mon traitement.

Cette fois, je ne crois pas avoir refusé mon traitement, je m'étais sans doute déjà faite à l'idée que je n'avais pas le choix. Je m'étais surtout renseignée sur la bipolarité et la prise de thymorégulateurs me semblaient donc obéir à une certaine logique. Et sur le moment, cela ne changeait pas grand-chose de le prendre un an ou à vie. Etonnamment, ça n'a donc pas été l'étape la plus difficile.


Ainsi mon acceptation des médicaments s'est divisée en trois temps mais a toujours reposé sur le fait de comprendre de quoi il s'agissait et de garder au maximum le contrôle dessus. Il ne s'agissait ni d'un caprice, ni d'une volonté de ne pas me soigner mais de craintes ayant un fondement légitime. Et les habitudes que j'ai prise dès le début de me renseigner et d'en discuter avec mes psychiatres permettent encore aujourd'hui que je prenne mes médicaments plutôt sereinement.

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