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Crise d’angoisse, meltdown, attaque de panique... une crise, mais encore ?

  • Rédactrice d'autiste et bipolaire
  • il y a 4 jours
  • 4 min de lecture

Par facilité, ou parfois par volonté de ne pas détailler, je dis parfois que je fais des crises d’angoisse. Le terme illustre assez bien effectivement ces moments où je m’effondre, où je suis brutalement submerger d’émotions et de sensations négatives. Et pourtant, à y regarder de plus près, mes crises se distinguent les unes des autres, par leurs déclencheurs, leurs manifestations et bien sûr, les moyens d’y faire face.

Apprendre à les identifier, à distinguer les types de crise m’a permis peu à peu d’adapter quand je le pouvais mes stratégies pour me calmer et les éviter. Aujourd’hui, je pense pouvoir en distinguer quatre types : la crise de panique, la crise autistique, la crise suicidaire et la phobie d’impulsion. Evidemment chaque crise est différente mais je voudrais ici parler dans les grandes lignes de ces quatre catégories.


Crise de panique : les plus connues


La plupart des gens qui parlent de crises d’angoisse évoquent en fait ce que les médecins nomment une crise de panique. Dans mon cas, elles sont liées à mon trouble panique mais tout le monde peut y être confronté. On la reconnaît à des symptômes physiques : palpitations, sentiment d’oppression dans la poitrine, sueurs, nausées... cela peut ressembler à une crise cardiaque. Ces symptômes entraînent des pensées anxiogènes, par exemple je peux être convaincue que je suis sur le point de mourir, ou que je deviens folle. Et ces pensées renforcent évidemment les manifestations physiques.

Parfois, il a un élément déclencheur, dans mon cas cela peut être l’agoraphobie. Mais souvent, il n’y a aucune explication. Cela monte souvent très vite et ne dure en général pas plus d’une demi-heure. Même si les crises de panique sont sans danger, elles peuvent être très éprouvantes sur le moment.


Crise autistique : meltdown et shutdown


J'ai mis longtemps à sentir la différence entre les crises autistiques et les crises de panique. De fait, mes crises autistiques sont souvent déclenchées ou amplifiées par des situations anxiogènes, notamment un changement dans mes habitudes. Mais dans ce cas, la cause de la crise est plutôt une surcharge sensorielle ou émotionnelle. C'est un mécanisme de protection, qui me permet de me couper de l'environnement et donc des stimulations ingérables à ce moment.

Dans les crises autistiques, on distingue les meltdown et les shutdown, qui jouent le même rôle mais se présentent assez différemment. Un shutdown est une crise sous forme de repli sur soi. C'est celle que je fais le plus. Cela se traduit parfois par une incapacité à communiquer, un besoin d'être seule, une intolérance à toute sollicitation et un épuisement total. D'une certaine manière, je me sens trop en détresse pour maintenir autre chose que les fonctions essentielles. Un meltdown est beaucoup plus rare chez moi et se définit plutôt comme une perte de contrôle, avec des comportements d'auto-agression, de l'agitation et une grande instabilité. Dans les deux cas, la durée est très variable, même si les meltdown sont souvent plus courts. Pour apaiser la crise, la meilleure option est d'avoir accès à un endroit calme, loin des sollicitations qui l'ont déclenchée.


Phobie d'impulsion : intrusive mais sans risque


Les phobies d'impulsion ne sont pas les plus connues mais ce sont les premières crises qu'on m'a diagnostiquées. Contrairement à ce que son nom indique, une phobie d'impulsion est une forme de TOC, plus exactement de pensées intrusives. Dans mon cas, cela se traduisait par la conviction régulière que j'allais me suicider. Je n'avais pas d'idées suicidaires dans le sens où je n'en avais aucune envie. Mais à chaque fois que je prenais le métro, l'idée de me jeter sur les rails me venaient en tête. C'était très réaliste, quasiment systématique et de plus en plus handicapant puisque je finissais par ne plus oser prendre les transports. Cela ressemble beaucoup au sentiment de perte de contrôle dans l'attaque de panique, mais focalisé sur cette idée que je vais peut-être vouloir me suicider.

C'est une situation très angoissante mais c'est précisément cela qui permet de se dire qu'il n'y a pas de risque de passage à l'acte. La phobie d'impulsion est l'expression d'une peur de perdre le contrôle et d'agir de manière inconsidérée (ici en se suicidant mais pour d'autres c'est en tuant quelqu'un). Ce n'est donc pas du tout le signe d'une envie de se suicider, au contraire. Comme tous les TOC, cela se traite en s'exposant petit à petit à la situation qui génère ces pensées intrusives.


Crise suicidaire : à ne pas minimiser


Jusqu'ici, j'ai évoqué des types de crises que j'ai vécu, qui peuvent être impressionnantes à voir ou douloureuses à vivre mais qui ne sont pas des urgences psychiatriques. L'intérêt de savoir distinguer les crises est précisément de reconnaître celles qui peuvent être graves, en premier lieu les crises suicidaires. Une crise suicidaire ne mène pas toujours à un passage à l'acte mais elle est forcément une alerte à prendre en compte. Elle peut prendre des formes différentes, avec souvent un sentiment de désespoir qui domine. On a pas forcément envie de mourir, on a surtout l'impression de trop souffrir et d'avoir tout tenté. Dans mon cas, cela s'est déjà mélangé à un fort sentiment d'angoisse, mais plutôt lié à l'impression que je n'avais aucune perspective. Ce n'est pas la même auto-agressivité que dans un meltdown parce qu'il ne s'agit pas de réguler une surcharge sensorielle. J'ai pu être très renfermée, presque mutique, mais c'était plutôt par peur d'en parler. Et c'est finalement assez loin d'une phobie d'impulsion parce que je n'éprouvais pas de peur de perdre le contrôle.

Une crise suicidaire peut donc avoir certaines caractéristiques communes avec d'autres types de crise. Mais on voit bien qu'elle est assez spécifique. Dans tous les cas, j'ai toujours considéré qu'en cas de doute, je partais du principe qu'il s'agissait d'une crise suicidaire. Et dans ce cas, il vaut toujours mieux en informer un médecin et sécuriser les personnes concernées.


Même s'il s'agit d'un sujet plus lourd que d'habitude, je tenais à l'aborder. J'ai mis du temps à reconnaître mes crises et pourtant je suis convaincue que c'est une nécessité. Malgré des manifestations parfois proches, chaque crise doit être prise en charge différemment. De cette manière, j'espère qu'il sera possible de traiter au mieux chaque situation.

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