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Gérer une hypomanie quand elle survient

  • moi
  • 8 avr.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 11 avr.

Je ne sais pas si c'est à cause du printemps ou du stress des dernières semaines mais voilà, je suis objectivement un peu trop joyeuse pour me dire que c'est normal. Rien de grave, mais c'est typiquement le genre de situation où c'est bien utile de se connaître et d'avoir quelques réflexes. Et c'est un bon moyen de montrer plus précisément le versant hypomaniaque évoqué dans ce post plus général sur ma bipolarité.


Ces petits symptômes qui alertent (ou pas)


Comme d'habitude, cette hypomanie a commencé par des signes avant-coureurs qui, pris individuellement, ne sont pas très significatifs. En soi, décider de se remettre à apprendre une langue étrangère, quand c'est une passion depuis l'enfance, ce n'est pas anormal. Dormir moins deux-trois jours parce qu'une amie habitant à l'autre bout de la France est de passage et propose une sortie, c'est plutôt courant. Quand j'enchaîne les sorties, que je ne vois aucun intérêt à faire une sieste quand j'ai dormi deux heures et que "descendre rapidement donner un truc à un ami" devient "passer l'après-midi à causer avec sa bande de potes" c'est autre chose. Et si tout cela ne m'avait pas encore fait vraiment me rendre compte que j'étais un peu trop active au vu de mon peu de sommeil, la nuit que j'ai passé à me documenter sur mon futur projet professionnel était un peu révélatrice. Je finis par savoir que quand je passe deux heures à faire la liste des centres de formation pour un nouveau projet, c'est le signe qu'il est temps de ralentir.

Mais c'est ma psychologue qui a vraiment senti peu après que j'étais vraiment trop speed. Autant le temps de sommeil, l'absence de fatigue, l'augmentation des contacts sociaux et des activités sont des choses que je peux percevoir, autant le débit de parole ou l'agitation un peu général sont plus compliqués à sentir de l'intérieur. Mais effectivement, mes proches m'ont vite confirmé que je parlais vite, et sans interruption. Et j'ai senti par la suite que j'avais ce besoin de "remplir" les conversations comme si le moindre blanc me semblait un problème. C'est aussi le moment où je commence à trouver tout à fait naturel de discuter avec des inconnus, dans la queue de la boulangerie par exemple.

Par contre je ne me suis pas sentie particulièrement euphorique, un peu joyeuse, avec une espèce de sentiment de ne rien prendre au sérieux mais rien de très net. Et quand même un sentiment d'irritabilité, avec l'impression que je n'avais rien à me reprocher (y compris quand on se contentait de me demander une précision d'ailleurs).


Les mesures à prendre pour faire redescendre l'humeur


A partir du moment où je suis agitée et que je ne dors plus depuis quelques jours, c'est qu'il faut contacter la psychiatre. D'abord parce que ça vaut le coup qu'elle soit au courant de la situation et qu'elle juge s'il faut me voir rapidement ou non. Et même si là il n'y avait pas urgence, le meilleur moyen de faire redescendre la phase est de prendre un antipsychotique qui fonctionne comme anti-maniaque. Et c'est vrai que quand je peux, je préfère lui demander avant de prendre un médicament, même si j'ai déjà pris celui-là dans des circonstances similaires.

L'ajout de ce traitement est peut-être la principale mesure efficace mais aussi celle sur laquelle j'ai le moins de prise. Et cette fois-ci en particulier, il est réellement utile de faire attention à limiter tout ce qui peut être stimulant. Une psy m'avait dit un jour "en hypomanie, le cerveau cherche à accélérer donc il faut tout faire pour le faire ralentir". Et effectivement, même si le médicament agissait, il suffisait d'une petite stimulation pour déstabiliser mon humeur à nouveau.

Donc j'ai décidé de limiter les activités sociales, surtout en groupe. Ma psy m'a recommandé d'éviter les sorties au soleil, puisque les changements de luminosité peuvent jouer un rôle. Le médicament ayant entre autre pour but de me faire dormir, j'ai supprimé toute activité le matin et acté que contrairement au reste du temps, les grasses matinées étaient acceptables. Et pour le reste, j'ai essayé de m'en tenir à des activités calmes puisque même manger avec un ami semblait trop excitant. Donc dans ce cas, je me retrouve beaucoup à faire des origamis et à écouter de la musique (une amie m'avait conseillé les mots croisés aussi).

Un dernier aspect est de limiter les conséquences de cette phase. Je sais qu'il faut que je fasse attention à ne pas prendre de décisions hâtives. J'ai donc à mon grand regret décalé un rdv médical où j'aurais dû décider d'une opération. J'ai aussi dans un autre registre évité d'aller dans certains magasins, les librairies notamment, où je suis fortement capable de faire des achats impulsifs. Jusque là j'ai réussi à me limiter.


Un retour à la normale pas si simple


En règle générale, mes hypomanies durent quelques jours et redescendent relativement rapidement. La prise du médicament rétablit un sommeil normal et à partir de là mon humeur et mon agitation redevienne normale. On parle de retour à l'euthymie. Cela dure en tout une semaine environ, je poursuis mon traitement quelques jours de plus et tout rentre dans l'ordre. Là, ça n'a pas été le cas.

Rien de grave mais le traitement n'était pas aussi efficace que les autres fois et à chaque fois que je baissais la garde, l'humeur remontait très vite. C'était donc une situation un peu d'entre-deux, où je devais être vigilante dès que je faisais quelque chose car tout devenait un facteur d'excitation. Cela me fait un peu l'impression d'un couvercle sur de la vapeur : tant que je maintiens, ça va mais dès que je me relâche ça commence à déborder. Il fallait donc à nouveau des ajustements de traitements, un nouvel antipsychotique pour que je vois mon humeur redescendre et que j'arrête de parler à tort et à travers à chaque repas. Ca retombe doucement, j'ai accepté d'augmenter la dose quitte à dormir 10h par nuit et je ne suis plus surexcitée.

Mais cela reste frustrant de voir qu'en terme de stabilité, on n'y est toujours pas.


Comment mieux gérer la prochaine fois ?


C'est la question que je me pose à chaque fois. Evidemment, j'espère toujours que ce sera la dernière mais je sais aussi que je ne peux pas compter là-dessus. Et surtout, je sais que la survenue d'une phase est souvent une question de chimie, de médicaments, donc plutôt le domaine de ma psychiatre. Moi, je ne peux que me préoccuper de reconnaître les signes précurseurs, les facteurs déclencheurs (mais je ne peux pas arrêter le printemps) et apprendre comment faire descendre mon humeur.

Je peux donc en déduire qu'il faut que je sois plus vigilante à cette période de l'année. La saisonnalité est courante dans la bipolarité et ne se limite pas à la dépression hivernale. Et dans mon cas, cette épisode m'a permis de refaire le fil des dernières années et de me rendre compte qu'effectivement, il semble se passer un truc en avril.

En terme de signes précurseurs, j'avais tendance à considérer que le premier signe d'une potentielle hypomanie était la réduction du temps de sommeil. Les symptômes d'excitation venaient par la suite. Cette fois-ci l'accélération du débit de parole est venue plusieurs jours avant les symptômes relatifs au sommeil. Et comme ce sont des symptômes que je perçois plus difficilement, j'ai sans doute pris en compte mon hypomanie plus tard que d'autres fois. Point positif, cela a été l'occasion de redire à mes proches de ne pas me dire au bout d'une semaine "ça fait plusieurs jours que tu parles et marches trop vite" mais dès le début.


Avec tout cela, je ne sais pas comment se passera la prochaine hypomanie. Je ne sais pas non plus comment est en train d'évoluer ma bipolarité dans tout ça. Par contre même si tout n'est pas parfait, j'ai globalement le sentiment d'avoir géré et d'avoir le recul, hypomanie après hypomanie, pour que cela se passe au mieux.

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