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Mon premier épisode dissociatif

  • Rédactrice d'autiste et bipolaire
  • 27 août
  • 4 min de lecture

Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu un nouveau symptôme. J'ai eu, même récemment des nouveaux diagnostics mais ceux-ci expliquait des symptômes déjà présents. Je pouvais me dire que j'avais connu beaucoup de situations différentes et que celles que je n'avais jamais expérimenté ne m'arriverai pas. Mais visiblement en psychiatrie il ne faut jamais dire jamais. Et mon épisode dissociatif fut une nouveauté que je n'avais pas vu venir.

Rien de grave, simplement très perturbant. Et donc, cela vaut le coup d'être raconté.

Contrairement à d'autres épisodes, je n'ai pas le recul, ni les connaissances pour véritablement expliquer ce qui s'est passé. Je vais donc me contenter de le décrire et de décrire ce que j'ai pu faire. Car même si c'était le premier, j'ai d'autres expériences de situations de crise qui me permettent de réagir.


Tout commence par une crise d'angoisse banale


Quand je parle de crise d'angoisse banale, je veux insister sur le fait qu'elle était semblable à tant d'autres par le passé. Cela faisait longtemps que je n'avais pas été en crise au point de devoir appeler un ami au milieu de la nuit. Mais à une époque pas si lointaine cela m'arrivais très couramment.

En terme de force de la crise, je n'étais pas non plus réellement inquiète. C'était simplement un mélange d'angoisse et de déprime, sans idées suicidaires. Ce qui, sur mon échelle de gravité des crises ne la plaçait pas très haut. En bref, j'ai dû faire face à une grosse attaque de panique sans plus.

La seule différence avec d'autres fois, et c'est cet aspect que j'ai sous-estimé, était le contexte général que j'avais minimisé. Je sais dans le cadre de ma bipolarité qu'il y a un facteur non seulement saisonnier mais aussi avec une aggravation autour de certaines dates d'évenements compliqués. Et j'avais sans doute sous-évalué que la période en faisait partie, d'autant plus qu'une annonce récente renforçait certains souvenirs.

Ainsi quand ma psychiatre m'a dit que la dissociation devait avoir été provoquée par un stress intense, j'ai pu comprendre après coup que l'anniversaire d'un épisode très douloureux avait dû catalyser mon anxiété.


Quand la dissociation s'installe


La dissociation est apparu le lendemain, sans doute dès le réveil. Le matin, je me suis réveillée avec l'impression d'être un peu flottante, comme détachée de ce qui m'entourait. Mais j'attribuais cela à l'anxiolytique et à la mauvaise nuit que j'avais passée. Au fil des heures, je sentais de moins en moins la présence des objets autour de moi, avec l'impression d'être spectatrice d'un film. J'avais du mal à marcher car je n'arrivais pas à être sûre de la position du sol. Au niveau émotionnel, je me sentais vide, comme si je ne ressentais rien. Ce n'était pas les difficultés à percevoir les émotions que je retrouvais habituellement avec mon autisme. Dans ce cas, je n'avais pas une mauvaise appréciation de ce que je ressentais, j'étais tout bonnement incapable de ressentir quoi que ce soit. Je me sentais aussi extérieure à moi-même, comme si ce n'était pas réellement moi qui parlait par exemple.

Tous ces symptômes ont duré de manière fluctuante environ trois jours. Le plus persistant était le détachement au niveau émotionnel, tandis que les autres devenaient de moins en moins fort dès le lendemain. C'est une sensation très étrange. Contrairement à un trouble psychotique, j'avais parfaitement conscience que ma perception du monde n'était pas normale. Et j'avais tendance au début à essayer de chercher à évaluer la normalité de ce que je percevais. Mais je voulais surtout trouver un moyen de sortir de cet épisode.


Les moyens de s'en sortir


Les différents avis que j'ai cherché, auprès des urgences psychiatriques ou de ma psychiatre, m'ont donné l'impression qu'il n'y avait pas vraiment de remèdes miracles. Tout au plus ma psychiatre m'a conseillé de reprendre un antipsychotique, qui me sert sous à réguler mon angoisse. Par contre, le fait de chercher à s'ancrer dans la réalité, à travers des techniques d'ancrage ou simplement des activités qui permettent de garder un lien avec ce qui se passe peuvent aider.

Par exemple, dès que j'ai pu me déplacer sans risques, le fait de sortir marcher dehors était un bon moyen de sentir à nouveau mon corps. Parler à des proches, notamment en décrivant ce que je faisais, m'aidait à retrouver ma mémoire et à avoir conscience de mes activités. Lire un livre m'obligeait à maintenir mon attention... C'était de petites choses mais cela me permettait de sentir le temps qui passait et de reprendre des repères. Et peu à peu j'ai réussi à me sortir de cet épisode.


Je dois dire que cet épisode dissociatif a été un moment très étrange. D'abord parce que la dissociation en elle-même est une expérience très particulière mais ensuite parce que c'était la première fois que cela m'arrivait. Je ne peux pas savoir si j'expérimenterai cela à nouveau néanmoins je sais un peu mieux quoi faire si besoin. J'aimerais cependant bien savoir si cet épisode peut être lié à d'autres de mes symptômes ou à certains de mes troubles pour savoir comment en limiter l'impact.

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2 commentaires


Barde
28 août

Bonjour !


Avez-vous l'impression d'être sorti de votre fenêtre de tolérance (si vous connaissez le concept) avant cette dissociation ?


J'ai vécu une expérience similaire, ayant poussé immédiatement à une dissociation.


Pas de problème pour en parler par mail si cela vous intéresse. Bonne journée


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Rédactrice d'autiste et bipolaire
30 août
En réponse à

Bonjour !

Je ne connaissais pas le terme mais je pense saisir assez bien le concept et que cela s'applique dans certains cas chez moi. Globalement, je pense pouvoir dire qu'une partie de mes crises (dont celle que je raconte ici) sont le résultat d'une hyperactivation. Cela se traduit par un trop plein d'émotions, l'impression d'être envahie par l'angoisse et les idées dépressives. Il y a donc bien sortie de la fenêtre de tolérance mais c'est plutôt habituelle pour moi dans ce cas.

Ce qui m'étonne n'est pas tellement cette sortie de la fenêtre mais le fait que la hyperactivation se soit transformée en hyporéaction. Même si je peux être passée à côté à d'autres occasions, c'est bien la première…

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