Fortes chaleurs, troubles psy et médicaments
- Rédactrice d'autiste et bipolaire
- 30 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 août
C'est le retour de la canicule et des messages de prévention sur les feux de forêts et les risques de déshydratation. On connaît tous les conseils plus ou moins applicables pour rester au frais et jusque là je suis logée à la même enseigne que tout le monde. Pourtant, je redécouvre tous les étés comment mes troubles psy ont un impact très net sur ma gestion des épisodes de chaleur. D'abord parce que mes difficultés à percevoir mes sensations corporelles induites par l'autisme se révèlent problématiques quand il fait chaud. Et ensuite parce que canicule et traitements psy ne font pas bon ménage. Voici donc l'occasion de détailler ma vie et mes troubles par 40°C à l'ombre.
Autisme, perceptions corporelles et canicule
L'autisme se caractérise par des hypo ou des hypersensibilités qu'on résume souvent à des questions sensorielles. Pourtant elle se retrouve aussi très souvent pour des sensations internes : la soif, la fatigue, la douleur... Pour prendre mon cas, je suis hyposensible à la soif, à la faim, à la fatigue, à la température et à la douleur. Mais d'autres pourraient être hypersensible à tout ou une partie de ces sensations.
Mon hyposensibilité à la soif et à la chaleur pose nettement problème dans une période de canicule. Pour la chaleur, cela signifie que je ne vais pas forcément chercher à me mettre à l'ombre, je ne vais pas non plus toujours porter des vêtements légers. Et pour la soif, la difficulté principale est évidemment de penser à boire puisque cela ne vient pas naturellement.
Cela peut sembler banal mais c'est un problème pour beaucoup d'autistes : comment penser à s'hydrater quand on ne perçoit pas les signaux d'alerte de notre corps ? Certains mettent des alarmes, moi j'essaie d'avoir toujours un verre plein quand je mange, de manière à boire systématiquement pendant le repas. L'autre technique est de me faire des infusions glacées car le goût m'incite à boire en plus grande quantité. Mais cela reste un sujet de préoccupation. Et c'est important de se rendre compte que derrière un geste banal il y a de réelles stratégies nécessaires.
Médicaments psy et effet photosensibilisant : gare aux coups de soleil
Dans la longue liste des effets secondaires de plusieurs médicaments psychotropes, on découvre qu'ils sont photosensibilisants. C'est à dire qu'ils provoquent une réaction semblable aux coups de soleil, dès lors que la peau est exposée. C'est bien plus marquée et rapide qu'en l'absence de traitements, avec potentiellement l'apparition de cloques ou juste d'une rougeur douloureuse après quelques minutes de balades. Cette phototoxicité peut aussi concerner les yeux en entraînant une hypersensibilité oculaire.
A part redoubler de vigilance en cas d'exposition et me protéger, je ne peux rien faire de mieux. Au moins, je peux constater que pour l'instant je suis plutôt épargnée. En regardant la liste des médicaments psychotropes concernés (qui comportent notamment certains anti-psychotiques, des benzodiazepines ou des antidépresseurs ISRS), je me suis rendue compte que j'en prenais moins. C'est sans doute l'explication mais cela vaut le coup de surveiller.
Lithium et déshydratation : quand la lithémie s'emballe
Il a suffit de quelques jours de chaleur pour que ma lithémie (mon taux de lithium dans le sang) passe au dessus du seuil maximum. L'occasion de se rappeler que les médecins n'exagèrent pas quand ils pointent les difficultés à prescrire la dose efficace de ce régulateur d'humeur. Car quand on parle de "marge thérapeutique étroite" pour le lithium, on explique bien qu'il suffit d'un rien pour en modifier l'efficacité. Et ce rien peut être une simple hausse de température. En effet, il suffit d'une légère déshydratation liée à la chaleur pour augmenter la concentration de lithium dans le sang.
L'augmentation de la lithémie en elle-même aggrave les effets de la chaleur sur l'organisme. Cela m'est notamment arrivé via un effet secondaire nommé "diabète insipide". Ici il ne s'agit pas du diabète sucrée qu'on connaît. Derrière ce terme se trouve un diagnostic médical courant, consécutif justement à un surdosage en lithium. C'est un dérèglement au niveau des reins qui conduit à une excrétion d'une grande quantité d'urine très diluée accompagnée d'une soif continuelle. Globalement, la semaine dernière, j'avais tout le temps soif, tout le temps envie d'uriner, ce qui en pleine canicule ne risque pas d'aider à se réguler. C'est donc un facteur de risque auquel faire attention.
On le voit, on a souvent en tête les personnes âgées quand on songe à qui est vulnérable en temps de canicule mais les troubles psy nécessitent aussi d'être vigilant. En tout cas, je redécouvre encore cette année mes difficultés et j'espère permettre à d'autres de les comprendre et de s'en soucier.



Votre témoignage sur l'hyposensibilité à la soif et à la chaleur, si problématique en période de canicule pour les personnes autistes, résonne profondément. C'est un aspect crucial des troubles du spectre autistique, souvent sous-estimé, qui rend la gestion des fortes températures particulièrement complexe et demande une vigilance accrue, tant de la personne concernée que de son entourage. Pour ceux qui se posent des questions sur ces particularités sensorielles ou qui cherchent à mieux comprendre comment l'autisme peut influencer la perception corporelle, l'auto-évaluation peut être un point de départ éclairant. Il existe des ressources pour évaluer les caractéristiques du spectre autistique et ainsi mieux adapter les stratégies de bien-être.
Bonjour, vous avez un lecteur !
Dans le même cas que vous. Chose assez amusante. J'étais hospitalisé le jour de la publication de votre post... À cause du stress notamment généré par la chaleur